Robin QUILLIVIC soutiendra sa thèse de doctorat
Vendredi 20 décembre 2024 à 14h
à l’Institut des Systèmes complexes, 113 rue Nationale, 75013 Paris, (salle 1.1.)
« Construction de profils psycholinguistiques pour le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) à l’aide du Traitement Automatique du Langage Naturel (TALN) »
Thèse sous la direction de Salma Mesmoudi, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directrice de thèse et Jacques Dayan, U1077 NIMH, Université de Caen Normandie, co-directeur.
Le jury sera composé de :
- Pr. Louis Jehel, CHU Amiens-Picardie, Rapporteur
- Pr. Lina F. SOUALMIA, Université de Rouen – LITIS, UR 4108, Rapporteuse
- Dr. Yann AUXÉMÉRY; Université de Lorraine – INSPIIRE, UMR 1319; Examinateur
- Pr. Thierry BAUBET; AP-HP – Université Paris 13, Examinateur
- Pr. Chloé CLAVEL; Télécom Paris – LTCI, UMR 5141, Examinatrice
- Pr. Frédérique GAYRAUD; Université de Lyon 2 – DDL, UMR 5596; Examinatrice
- Dr. Aurélie Névéol; LISN UMR 9015; Invitée
- Dr. Jean-philippe Cointet; Science Po médialab; Invité
Robin QUILLIVIC
« Construction de profils psycholinguistiques pour le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) à l’aide du Traitement Automatique du Langage Naturel (TALN) »
Ce projet de recherche, soutenu par le programme 13-Novembre et la région île de France, s’intéresse au lien entre le langage et le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT). Caractériser ce lien pourrait permettre de faire du langage un marqueur de suivi et d’aide au diagnostic en clinique psychiatrique. Cela pourrait avoir un impact significatif sur la prise en charge, le traitement et le suivi des patients atteints de TSPT. Notamment, cela faciliterait une meilleure priorisation des personnes traumatisées lors d’événements de grande envergure tels que des attentats, une épidémie ou une catastrophe naturelle, lorsque la demande de soins psychiatriques dépasse largement l’offre.
En s’appuyant sur les avancées récentes en Traitement Automatique du Langage Naturel (TALN) et sur l’exceptionnelle richesse du corpus de témoignages recueillis lors des phases 1 (2016) et 2 (2018) du programme 13-Novembre, nous proposons de construire et d’interpréter des modèles de classification de textes supervisés permettant de mieux décrire et comprendre le TSPT.
Cette thèse présente une analyse exhaustive de la littérature concernant le rôle du langage comme indicateur du TSPT, en examinant 58 articles en anglais et en français. Elle propose ensuite une étude de cas sur les données de la phase 1 (2016) du programme 13-Novembre. Il s’agit d’une étude exploratoire visant à identifier les marqueurs linguistiques les plus associés au TSPT. L’originalité de cette étude réside dans sa méthode, qui se veut exhaustive quant aux marqueurs linguistiques étudiés, tout en faisant preuve de rigueur et de diversité dans les outils statistiques employés.
Par la suite, la thèse vérifie la capacité de généralisation des marqueurs identifiés sur les données de la phase 2 ainsi que sur un autre corpus de témoignages (Hommes Auteurs de Violence). Enfin, les travaux se focalisent sur des phénomènes spécifiques tels que l’analyse de l’évitement dans les textes et la désorganisation du discours. Pour l’évitement, nous avons proposé une approche qualitative basée sur l’analyse des figures de style. En ce qui concerne la désorganisation du discours, nous avons développé une approche à partir de données synthétiques pour évaluer la capacité des méthodes de TALN à détecter ce phénomène dans les textes. Ces dernières contributions dépassent le cas d’application au TSPT et s’inscrivent dans un contexte plus large, celui de la détection des troubles de la pensée (“Thought Disorder”).
Ce projet s’inscrit dans une littérature déjà riche mais se distingue par son approche transdisciplinaire et la qualité des données utilisées.
Raphaël Perrin soutiendra sa thèse de doctorat en sociologie
Mercredi 11 décembre 2024 à 14h
(59-61 Rue Pouchet, Paris, 17e arrondissement),
en salle de conférence (première salle à gauche au rez-de-chaussée)
« Les médecins et l’avortement. Sociologie de la domination
médicale».
Le jury sera composé de :
- Anne-Marie Arborio, maîtresse de conférences, Université Aix-Marseille
- Nathalie Bajos, directrice de recherche, EHESS et INSERM
Laure Bereni, directrice de recherche, CNRS (rapportrice) - Maud Gelly, sociologue, CRESPPA-CSU (directrice)
Emmanuel Henry, professeur des universités, Université Paris-Dauphine (rapporteur) - Anne Paillet, professeure des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (directrice)
Raphaël Perrin
« Les médecins et l’avortement. Sociologie de la domination médicale »
Comment une jeune médecin de centre d’IVG en arrive à imposer un examen gynécologique à une femme malgré ses protestations ? À prétendre que l’avortement peut causer l’infertilité pour la convaincre d’accepter une contraception ? Elle a appris, au cours de ses études, à être médecin, c’est-à-dire non seulement à ausculter et à opérer, mais aussi à occuper une position de pouvoir. Au croisement d’une sociologie structurale du travail et d’une sociologie de la domination, à partir de l’étude de la prise en charge de l’avortement, cette thèse propose d’analyser empiriquement et conceptuellement la domination médicale, ses formes concrètes, sa banalisation, sa reproduction et ses transformations. Elle s’appuie sur une enquête combinant six mois d’observation comparative du travail médical dans trois centres d’IVG, des entretiens menés auprès de 133 professionnel·les de santé et l’analyse secondaire des données statistiques du volet « Médecins » de l’enquête Fécond (INSERM-INED).
Cette recherche retrace la genèse de l’espace professionnel de l’avortement après la loi Veil, l’évolution des (in)dispositions et des prises de position des médecins qui le composent, et les luttes professionnelles dont la délégation du travail et la revendication de l’expertise en matière d’avortement font l’objet. En particulier, elle détaille les trajectoires sociales des « avorteurs » et « avorteuses », médecins militant·es – pour certain·es – qui se spécialisent dans le travail d’avortement. Elle ouvre la boîte noire des inégalités liées au recours à l’avortement en montrant comment le travail médical participe à les produire : l’accès à l’avortement, mais aussi la qualité des soins prodigués, varient considérablement selon les médecins, les services dans lesquels les femmes font leur demande et la position qu’elles occupent dans les rapports de classe, de race, de genre et d’âge. L’enquête montre les logiques pratiques du travail médical et les enjeux professionnels qui expliquent le maintien de parcours longs et complexes malgré l’assouplissement du dispositif légal d’encadrement de l’IVG depuis une cinquantaine d’années, et elle détaille les pratiques individuelles et collectives par lesquelles les médecins contrôlent les modalités des soins alors que la loi les place pourtant dans une position de prestataires de services. En définitive, cette thèse éclaire les socialisations médicales sous un nouvel angle, celui de l’intériorisation de positions dans un rapport de domination, c’est-à-dire, pour les médecins, de manières d’exercer le pouvoir et de s’y sentir légitimes, et, pour les profanes, de dispositions à s’y soumettre.
Charlotte Thomas-Hébert soutiendra sa thèse en français
Mardi 10 décembre 2024 à 15h
Université Paris1 Panthéon- Sorbonne 75005 Paris.
« Performing Disobedience: Engaging Power by Risking
Arrest (New York, 2001-2020) ».
Le jury sera composé de
- Candice Delmas, Associate Professor, Northeastern University (Examinatrice)
- Laurence Gervais, Professeure, Université Paris Nanterre, CREA (Rapportrice)
- Bernard Harcourt, Directeur d’études, EHESS, Professeur, Columbia University (Rapporteur)
- Fabien Jobard, Directeur de recherche, CESDIP (Examinateur)
- Cornelia Möser, Chargée de recherche HDR, Cresppa-GTM (Examinatrice)
- Isabelle Sommier, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CESSP (Directrice de thèse)
- Antoine Vauchez, Directeur de recherche, CESSP (Examinateur)
Charlotte Thomas-Hébert
« Performing Disobedience: Engaging Power by Risking Arrest (New York, 2001-2020) ».
Cette thèse porte sur l’action politique, la déviance et le pouvoir, et interroge la manière dont les dispositifs sécuritaires contemporains façonnent la pratique de la désobéissance civile et de l’action directe non-violente. Prenant comme étude de cas les militant·es newyorkais·es « de gauche », elle montre comment certaines populations, communautés, comportements et idées sont non seulement étiquetées et produites comme déviant·es, mais sont aussi hiérarchisé·es par la police, la justice et la loi. Ainsi se dévoile un certain paradoxe : les dispositifs sécuritaires contemporains « normalisent » de manière sélective certain·es déviant·es aux dépens d’autres.
Cette recherche se concentre sur les groupes et individus qui s’engagent de manière récurrente dans une pratique politique radicale et non-institutionnelle qui consiste à « risquer l’arrestation ». Cette conceptualisation non normative proposée dans la thèse, et qui fait l’objet de son propre chapitre, permet de contourner les conflits théoriques et empiriques actuels autour des notions de désobéissance civile et d’action directe nonviolente. Ces activistes sont capables de régulièrement risquer l’arrestation car il existe, à New York, un écosystème particulièrement stable : tant qu’illes ne dérogent pas à certaines règles de comportement et restent percu·es comme légitimes par les autorités, illes peuvent risquer puis cumuler des dizaines d’arrestations, jusqu’à construire des carrières désobéissantes sur plusieurs décennies.
Ainsi, les dispositifs sécuritaires contemporains engendrent un type d’activisme à haut risque et coût, seulement ouvert de manière régulière et habituelle à certaines catégories de militant·es. Cette pratique est façonnée par la citoyenneté, la race, l’âge, le genre, la sexualité et la classe sociale, puisque s’y engagent principalement des citoyen·nes étatsunien·nes blanches, quinquagénaires et plus, des femmes cisgenres ainsi que des minorités sexuelles et de genre, issues des classes moyennes et supérieures. Ces personnes sont « lisibles », c’est-à-dire étiquetées comme « respectables » et « non-menaçantes » par les autorités. Leur sociographie, ainsi que le type de maintien de l’ordre qui leur est appliqué, se distinguent des groupes et individus qui risquent l’arrestation de manière irrégulière, notamment lors d’évènements protestataires tels que Black Lives Matter ou Occupy Wall Street.