Responsables: Delphine Dulong et Anne-Catherine Wagner
Cet axe a pour activité structurante un séminaire régulier, consacré à la présentation et à la discussion de recherches en cours au sein du laboratoire par des chercheurs titulaires, extérieurs et invités, et des doctorants. Il sera réorganisé en deux pôles, produit d’un léger réagencement des thèmes de recherche antérieurs.
Acteurs, métiers et milieux de la politique
Les différentes recherches dans ce domaine s’orienteront dans quatre directions principales :
Les formes ordinaires de la politique, envisagées du point de vue des acteurs directement engagés dans la vie publique (élus, militants, personnel administratif, acteurs associatifs, journalistes, experts, etc.) ainsi que des citoyens ordinaires (intérêt pour la politique, participation et mobilisations, comportements électoraux). Il s’agit dans les deux cas de porter l’attention aux formes concrètes des pratiques politiques et d’explorer ces dernières du point de vue de leurs ancrages sociaux et territoriaux. Plusieurs opérations de recherche sont associées à ce thème, en particulier : le programme ANR ALCOV sur l’analyse localisée et comparative du vote, qui consacrera les prochaines années au traitement des enquêtes sur les élections récentes en France, à la diffusion et à la valorisation de leurs résultats ; les travaux sur les trajectoires militantes et les biographies individuelles dans le prolongement du programme ANR SOMBRERO (qui va donner lieu à un ouvrage collectif à paraître aux éditions Actes Sud en 2018) ; plusieurs enquêtes monographiques sur les articulations entre les transformations socio-économiques, celles de la présence territoriale de l’Etat et celles des espaces politiques locaux (petite ville de Bourgogne, départements ruraux de l’Ouest de la France, Antilles françaises) ; les travaux sur les recomposition des partis, des engagements et des désengagements partisans, en particulier dans les cas du Parti socialiste et des mouvements centristes en France.
La sociologie politique du gouvernement et de l’action gouvernementale, autour notamment de l’enquête sur le personnel ministériel coordonnée par Delphine Dulong (constitution d’une base de données prosopographique de hauts fonctionnaires et membres de cabinet depuis 2012, campagne d’entretiens) dont l’objectif est d’étudier les évolutions récentes des trajectoires d’accès aux sommets de l’Etat mais aussi les relations entre ces trajectoires et l’exercice de l’action publique. La réflexion ouvre ainsi sur la question des capacités d’action de la puissance publique dans un contexte d’interdépendance accrue avec d’autres pouvoirs (Union européenne, autorités indépendantes, marchés financiers, intérêts privés organisés, pouvoirs locaux). D’autres travaux abordent cette question, qui traitent : des frontières entre public et privé dans l’action des groupes d’intérêt ou dans celle des avocats d’affaires ; des nouveaux modes de gouvernement induits par les institutions indépendantes et les dispositifs de démocratie participative ; des transformations de l’action publique territoriale ; ou encore des relations des gouvernements avec les médias. Appuyé sur l’ensemble de ces enquêtes et travaux, le laboratoire engagera une réflexion globale sur les recompositions contemporaines de l’Etat et de l’action publique.
La sociologie du militantisme et de l’engagement, qui regroupe les recherches conduites dans le cadre du programme ANR VIORAMIL sur les violences et les radicalisations militantes des individus et des groupes en France des années 1980 à nos jours (étude des organisations, des acteurs, de l’histoire, des pratiques et des répertoires des violences militantes ; représentations dans les médias et l’opinion ; dispositifs de gestion par les autorités publiques – police, justice, organismes de prévention), des travaux sur les politiques de dé-radicalisation ainsi que sur l’engagement dans des situations de guerre et les mécanismes de consentement au sacrifice.
Les recherches sur le genre et la parité, dont les dynamiques antérieures seront poursuivies à travers l’étude : des dispositions paritaires et de leurs applications dans le cadre électoral et dans celui de l’accès aux responsabilités professionnelles et sociales ; de la mobilisation des identités genrées, de la construction et de l’exercice des rôles féminins dans le domaine politique ; des représentations médiatiques (formation et transformation des stéréotypes) et de leur rôle dans la reproduction des identités de genre.
Structures sociales, stratification et travail de domination.
L’analyse des mécanismes de production et de reproduction de l’ordre social conservera sa place centrale dans les recherches du CESSP, à partir de trois chantiers principaux :
Une sociologie des classes et des catégorisations sociales, qui aborde du point de vue de leur formation, de leur composition, de leurs pratiques et de leurs représentations différents groupes sociaux et professionnels. Les travaux sur les élites sociales, économiques et politiques se poursuivront dans ce domaine, dans la perspective d’une analyse structurelle du champ du pouvoir et afin de préciser les changements qui le traversent (déclassement relatif des positions liées à l’appartenance à l’Etat, interrelations entre les milieux politico-bureaucratiques et les sphères politico-financières). S’y ajouteront des enquêtes centrées sur des milieux professionnels spécifiques (militaires, policiers, travailleurs sociaux, assistantes maternelles, professions médicales et paramédicales, milieux judiciaires, agents publics métropolitains dans le cas de Antilles françaises) qui s’attachent plus spécifiquement aux manières dont les appartenances institutionnelles et les expériences professionnelles façonnent les dispositions sociales et les habitus et portent pour plusieurs d’entre elles une attention particulière aux rapports sociaux de genre et de race.
L’analyse des processus de socialisation et de formation des habitus, présente dans les enquêtes sur les groupes professionnels qui viennent d’être évoquées, et qui se développe au CESSP à la faveur de trois recherches en cours : celle de Muriel Darmon portant sur les réapprentissages suivant une attaque cérébrale (définition et évaluation des compétences perdues ou altérées ; travail de l’institution hospitalière et médicale sur la personne ; travail de cette personne sur elle-même) ; celle de Wilfried Lignier sur les apprentissages sociaux dans la petite enfance (formation des préférences, logiques de violence et de coopération) ; celle de Bertrand Réau sur les manières dont les pratiques touristiques contribuent à l’acquisition de normes, valeurs et savoir-faire différenciées selon les groupes et catégories sociales.
L’étude des goûts et styles de vie, avec notamment la poursuite de deux enquêtes collectives qui ont déjà été évoquées : l’enquête par questionnaire (DIME-SHS) sur les points de vue moraux des groupes sociaux, qui sera complétée par une série d’entretiens approfondis sur les goûts et les dégoûts dans les situations ordinaires de la vie sociale, l’enquête sur les goûts et les pratiques vestimentaires (publication d’un ouvrage de synthèse sur la question, enquête par questionnaire et observations).