Centre européen de sociologie et de science politique

TARIF Mathilde

Thèse

Etat, capital, identité. Désaccumulation et contraintes internationales en République centrafricaine (1960-2020).

Co-direction : Gilles Dorronsoro et Florence Brisset-Foucault

Résumé de la thèse

Par sa place marginale dans l’économie mondiale, la République centrafricaine (RCA) apparaît comme un cas idéal-typique permettant d’aborder les questions du fonctionnement de l’État post-colonial, de son rapport au capital privé et de la formation des groupes sociaux en lien avec des contraintes internationales. Les crises à répétition et l’incapacité de l’appareil d’État à accumuler des ressources et mettre en place des politiques publiques pour répondre aux demandes des populations indiquent un phénomène de désaccumulation visible dans d’autres contextes, sur le continent africain mais aussi au-delà. Fondée sur un travail d’archives et neuf mois d’enquête en RCA menée entre 2018 et 2022, cette thèse combine une analyse macrosociologique retraçant des contraintes structurelles à partir de sources secondaires, avec une analyse micro et mésosociologique des pratiques d’acteurs à travers plus de 250 entretiens, l’observation directe et l’étude des archives disponibles. En s’appuyant sur les acquis de la sociologie historique de l’État, cette thèse esquisse ainsi la trajectoire de l’État centrafricain depuis l’indépendance comme une succession de configurations instables entre État, capital privé et groupes sociaux, en particulier marchands. Elle montre comment des contraintes internationales reconfigurent le système de relations entre espaces bureaucratique, économique et identitaire dans le sens d’une désaccumulation et d’une propension aux crises. L’hypothèse centrale est que des dispositifs internationaux post-coloniaux et néolibéraux influent sur l’appareil d’État, notamment la structure du champ bureaucratique, les rapports de ce dernier avec les acteurs économiques et, consécutivement, les hiérarchies identitaires. En retour, on constate une fragmentation des institutions et une incapacité accrue de l’État à concentrer des ressources, préserver le capital privé et réguler les conflits sociaux. Appréhender ce processus de désaccumulation permet alors de penser les transformations du système politique et social centrafricain et de saisir les mécanismes qui ont conduit au déclenchement d’une guerre civile en 2013. Paradoxalement, le constat d’une désaccumulation étatique n’invalide pas le fait que, malgré sa « faiblesse » présumée, l’État centrafricain demeure « agissant » et détermine les possibilités d’accumulation des acteurs et les hiérarchies sociales et identitaires.

Formation
  • Septembre 2018 – Juin 2024 : Doctorante , Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • 2017 – 2018: Master 2 de Science Politique – Parcours Études africaines, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • 2014 – 2017 : Master de Sécurité Internationale à l’Ecole des affaires internationales, Sciences Po Paris
  • 2011 – 2014 : Collège Universitaire, Sciences Po Paris
Enseignements

Septembre 2021 – Janvier 2022 : Chargée d’enseignement – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

  • TD Techniques d’enquête en sciences sociales (L2)
  • TD Sociologie des organisations politiques (L2)

Septembre 2018 – Janvier 2020 : Chargée d’enseignement – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

  • TD Techniques d’enquête en sciences sociales (L2)
  • TD Sociologie des organisations politiques (L2)
  • TD Introduction à la sociologie (L1)
Publications

Articles

  • Mathilde Tarif, « Sauveurs ou « voyous ». La production de l’autorité par les autodéfenses de PK5 à Bangui (2013-2019) », Critique internationale, vol. 103, n°2, 2024, 2024, p. 65-86.
  • Mathilde Tarif, « « On ne devient pas commerçant entre midi et 13 heures ! » Les conditions sociales du succès économique après la crise en République centrafricaine », Politique africaine, n°156, 2019, p.121-141.

Rapports

  • Mathilde Tarif, Conflits et transformations du commerce en République centrafricaine, Notes de l’Ifri, Novembre 2019.
  • Mathilde Tarif & Thierry Vircoulon, Transitions politiques: les déboires du modèle de sortie de crise en Afrique, Etudes de l’IFRI, Décembre 2016.

Autres

  • Mathilde Tarif, « République centrafricaine : vers un enlisement de la crise », Les grands dossiers de Diplomatie n°71, Diplomatie, Décembre 2022-Janvier 2023, p. 65-67.
  • Mathilde Tarif, « République centrafricaine : une crise interminable ? », Les grands dossiers de Diplomatie n°65, Diplomatie, Décembre 2021-Janvier 2022, p. 71-73.
  • Thibaud Lesueur & Mathilde Tarif, « Bambari: microcosme tragique de la crise centrafricaine », International Crisis Group, Septembre 2015.
Interventions & Communications
  • Présentation au séminaire Afrique de l’IRSEM du papier « Faire des affaires « sans l’Etat ». Stratégies et modes de garantie des groupes marchands pendant la guerre en République centrafricaine (2013-2015) » (1er mars 2023)
  • Présentation au Congrès national de l’Association française de science politique du papier « Intervention internationale et accumulation par l’Etat : l’impact de l’aide internationale sur le fonctionnement du champ bureaucratique centrafricain en guerre civile (2014-2020) », Lille (5-7 juillet 2022)
  • Présentation au séminaire Politique des Sciences du papier « A qui appartient-il de définir le risque des terrains d’enquête difficiles ? », Paris (25 novembre 2021).
  • Présentation au colloque de clôture du projet ERC « Social Dynamics of Civil Wars » (2016-2021) du papier « La formation des groupes sociaux », Paris (29 septembre-2 octobre 2021).
  • Présentation au séminaire « Sociologie et anthropologie sociale du politique. Penser en pensant à elle » du CERI Sciences Po en collaboration avec le FASOPO du papier « Qui définit le risque et sur qui pèse-t-il ? », Paris (23 septembre 2021).
  • Présentation à la Conférence ERC « Regards sur la crise centrafricaine » du papier « Rester commerçant dans la crise : pratiques et trajectoires de la classe marchande en République centrafricaine », Paris (9 Novembre 2019).
  • Présentation à la Conférence ECAS 2019 d’Edimbourg du papier « Violent Conflict and the Pluralisation of authorities in Bangui : exploring non-state armed actors’ involvement in urban governance in the capital of the CAR », Edimbourg (11-14 Juin 2019).
  • Présentation au séminaire Afrique de l’IRSEM « Transformations sociales et économiques en période de guerre (République Centrafricaine / DR Congo) » du papier « Les reconfigurations de la sphère commerciale après la guerre en République centrafricaine » (22 mai 2019).
  • Intervention au Débat « La Centrafrique : une « crise permanente » ? » organisé par Médecins sans frontières dans le cadre de l’exposition « Wilting Point » de William Daniels au Pavillon Carré de Baudoin, Paris (4 Avril 2019).
  • Présentation à l’Université de Gand de l’article « « On ne devient pas commerçant entre midi et 13 heures ! » Les conditions sociales du succès économique après la crise en République centrafricaine », Gand (14-15 Mars 2019).
  • Intervention à l’émission « Décryptage » de RFI « Centrafrique : l’accord de paix de Bangui est-il déjà mort ? », Paris (6 Mars 2019).

Contact

Centre européen de sociologie
et de science politique (CESSP)

Université Paris 1
Département de Science politique
14 rue Cujas
75005 Paris

Mail : mathilde.tarif chez gmail.com

Thèmes de recherche

  • Guerres civiles
  • Sociologie de l’Etat
  • Dispositifs internationaux
  • Economie politique
  • Formation des groupes sociaux
  • Identités et crises