ROCALVE Bérangère

Cette thèse propose de questionner la manière dont des relations administratives prennent forme dans des institutions dont ni le cadre matériel, ni les fonctions premières, ne sont prévues pour qu’elles s’y déploient. Elle se fonde sur l’analyse du Recueil social, un service d’assistance aux sans-abris mis en place par la RATP, entreprise publique de transport en Île-de-France. Ce service s’inscrit dans une préoccupation sécuritaire de l’entreprise, confrontée à la présence d’usagers indésirables susceptibles de perturber la mise en flux des voyageurs dans le réseau souterrain de transports. Le Recueil social est composé d’agents qui sillonnent Paris à bord d’un bus et se rendent dans les stations de métro afin de convaincre les sans-abris qui s’y trouvent de quitter les lieux, en leur proposant de les accompagner dans des structures d’accueil ou d’hébergement d’urgence. Ces agents n’ont pas reçu de formation relative au travail social : ils sont des machinistes, des contrôleurs, des agents de station, et, pour la majorité d’entre eux, des agents de sécurité. Formellement défini comme un travail de transporteurs, le métier des agents du Recueil ne s’épuise pourtant pas dans cette description. En effet, en contact quotidien avec des usagers en difficulté, et avec tout un réseau de professionnels du social, ils sont menés à devenir des travailleurs sociaux improvisés.

La thèse propose de considérer les rencontres entre agents et usagers comme des relations de guichet, bien qu’elles interviennent en dehors de tout cadre prévu pour accueillir des publics. Si ces rencontres s’apparentent malgré tout à des relations de guichet, c’est d’abord parce que les agents interviennent sur les quais de métro, en garants de la maîtrise du territoire. Leur intervention sur les quais est légitimée par leur mandat d’agents RATP qui s’affiche sur leur uniforme. Ils sont des agents de « première ligne », en contact direct avec les usagers mais ont la particularité d’œuvrer certes, dans un espace institutionnel marqué par son appartenance à l’entreprise, mais qui est aussi le territoire intime de ceux qui y résident plus ou moins longuement. De leur côté, les usagers des services du Recueil social peuvent s’apparenter à des « clients » volontaires, qui vont au-devant des agents comme s’ils se rendaient à un guichet pour solliciter un service. À l’inverse, ils peuvent aussi fuir le service proposé, en refusant d’être étiquetés comme des usagers potentiels et en cela, comme des indésirables dans le métro.

En articulant la sociologie du travail et des professions et la sociologie de l’action publique, ce travail montre comment cette configuration spatiale spécifique de « guichet à ciel ouvert » occasionne alors des reconfigurations professionnelles qui contribuent à dessiner le métier des agents comme un travail social-sécuritaire. La thèse combine un travail sur archives, par entretiens, des observation participantes qui ont été menées auprès des agents, et des observations auprès des usagers dans les stations, lorsque ces derniers anticipent le passage du Recueil social. Cette ethnographie a permis de montrer comment les investissements mutuels des agents et des usagers peuvent contribuer à formaliser une relation de guichet. La thèse permettra d’ouvrir une réflexion nouvelle sur l’action publique et notamment de l’administration sécuritaire des politiques sociales. Plus spécifiquement, elle ouvrira une piste de réflexion sur l’action publique en pointillés de « la main gauche » de l’Etat.

• 2021-2023: Contrat d’ATER en science politique à l’Université Paris Panthéon Sorbonne
• 2017- 2021: Contrat doctoral en science politique à l’Université Paris Panthéon Sorbonne.
• 2015-2017 : Master en science politique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne option Sociologie et Institution du Politique
• 2014-2015 : Licence en science politique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
• 2012-2014 : Classe préparatoire littéraire au lycée Saint Sernin à Toulouse

Science politique
▪ 2022-2023 : Transformations des sociétés contemporaines cours d’Isabelle Sommier (3 fois 18h)
▪ 2020-2021 : Sociologie des comportements politiques, travaux dirigés (Licence de science politique-histoire), cours de Thibault Boncourt (2 fois 18h)
▪ 2019-2020 : Sociologie des organisations, travaux dirigés (Licence 2 de science politique), cours de Thibault Boncourt (2 fois 18h)
▪ 2017-2018 : Sociologie politique, travaux dirigés (Licence 1 de droit et de science politique), cours de Thibault Boncourt, Julien Fretel et Julie Gervais (3 fois 18h)
▪ 2016-2017 : Sociologie politique, travaux dirigés (Licence 1 de droit et de science politique), cours de Thibault Boncourt, Julien Fretel et Julie Gervais (3 fois 18h)

Méthodologie
▪2022-2023 Techniques d’enquête en sciences sociales, (L3 science politique) (3 fois 18h)
▪ 2021-2022 Techniques d’enquête en sciences sociales, (L3 science politique) (2 fois 18h)
▪ 2019-2020 Techniques d’enquête en sciences sociales, (L1 en double licence économie-science politique), cours de Thibaud Boncourt (1 fois 18h)

Sociologie de l’action publique
▪ 2021-2022 Organisation de l’Etat et action publique, travaux dirigés (L3 science politique), cours de Jérôme Valluy (3 fois 18h)
▪ 2017-2018 : Institutions Administratives et action publique, conférence de méthodes (L2 Double licence histoire-science po), cours d’Anne-France Taiclet (1 fois 18h)

Encadrement de travaux de recherche
Assesseure du dossier de recherche de Yousstina Beshay « Maintenant c’est tout par internet » L’obstacle de la dématérialisation de l’administration pour les étrangers en France, sous la direction de Clémentine Berjaud, Université Paris 1, 2023.

Publications

• Chapitre d’ouvrage « Des travailleurs sociaux guerriers. Conduites masculines face au travail du care », Le gouvernement des conduites masculines, Editions de la Sorbonne, 2024.

Évènements scientifiques

• Organisation avec Emma de Andreis, Alexis de Brito et François-Guillaume Giroux du Colloque « La division politique du travail » Avec le soutien de l’Ecole doctorale de Science politique de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Le vendredi 17 février 2023
• Organisatrice avec Delphine Raccurt d’une séance du séminaire de l’Ecole doctorale de science politique de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Présentation et discussion de l’ouvrage issu de la thèse de Marine Bourgeois « Tris et sélections des populations dans le logement social » Mai 2021.
• Organisatrice avec Morgane Hauguel, Thomas Lépinay, Clément Lescloupé, Pierre Mayance, Evelia Mayenga, Guillaume Petit et Delphine Raccurt du Colloque, « Que veut dire autonomie aujourd’hui ? » Genèse et usages d’une catégorie d’action publique, organisé par le CESSP, avec le soutien de l’Ecole Doctorale de Science Politique de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à Paris, les 18 et 19 juin 2018. [Site internet du colloque]
• Organisatrice avec Evélia Mayenga d’une séance du séminaire de l’Ecole doctorale de science politique de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Présentation et discussion de l’ouvrage issu de la thèse de Luc Sigalo Santos « L’administration des vocations: Enquête sur le traitement du chômage artistique en France », juin 2019.

• Juin 2024 : Communication au congrès de l’Association Française de Science politique à Grenoble « Quand des SDF participent au tri des usagers pour l’accès à des centres d’hébergement d’urgence  » ST3
• Novembre 2023 : Communication au Colloque « Le travail émotionnel des hommes à l’ Université PSL Paris Dauphine « Le care au masculin : la reconversion de l’éthos sécuritaire dans le travail social au Recueil social RATP
• Juillet 2022 : Communication au congrès de l’Association Française de Science politique à Lille « Le risque d’être immobile : catégorisations et recatégorisations des usagers indésirables du métro parisien. ST 16 « Gouverner des groupes à risques »
• Juillet 2021 : Communication au congrès de l’Association Française de Sociologie à Lille « Des agents de sécurité aux travailleurs sociaux : ce que la pratique fait au métier au recueil social RATP » RT 23 Travail, activité, technique
• Juin 2021 : Communication dans le cadre de la journée d’étude « Le gouvernement des conduites masculines » organisée par l’Axe « Pouvoir et domination » du CESSP « Un travail social d’hommes : la reconversion de l’éthos sécuritaire au Recueil social RATP » . ST 16 « Gouverner des groupes à risques »
• Décembre 2020 « Observer les rapports sociaux de race au travail. Dialogue entre deux terrains » avec Madeleine de Wispelaere Communication dans le cadre du séminaire « Pratiques d’enquête sur les rapports sociaux de race, en France hexagonale et ultramarine »
• Août 2019 : Communication au congrès de l’Association Française de Sociologie à Aix en Provence « Les clients et les indésirables : la catégorisation des SDF au recueil social RATP » RT3

Organisatrice et animatrice avec Patrick Bruneteaux, Morgane Hauguel, Evélia Mayenga, Delphine Raccurt d’un atelier d’ethnographie à destination d’un public de lycéens en bac pro Sanitaire et social au lycée Assomption à Bondy. Présentation des travaux au cours du colloque « Anthropologie pour tous » s’étant déroulé en Juin 2019 au Lycée Le Corbusier à Aubervilliers

• 2018-2020 : Représentante des doctorant.e.s au sein du Conseil de laboratoire du CESSP
• 2018-2020 : Représentante des doctorant.e.s au conseil d’équipe CRPS de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne