Thèse
Le « moment APB », un moment sans histoire ? Le jeu discret des outils d’admission post-baccalauréat dans les politiques d’accès à l’université (années 1960 – années 2010)
Direction de thèse : Brigitte Gaïti. Soutenue le 21 décembre 2023
Jury
Yannick BARTHE – Directeur de recherche au CNRS, Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités, EHESS – Président
Pierre-Yves BAUDOT – Professeur des Universités, Université Paris-Dauphine/PSL, IRISSO – Rapporteur
Hélène BUISSON-FENET – Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Triangle, ENS Lyon – Examinatrice
Brigitte GAÏTI – Professeure des Universités, Université Paris I Panthéon Sorbonne, CESSP – Directrice de thèse
Sophie ORANGE – Professeure des Universités, Université de Nantes, CENS – Rapporteure
Résumé
La thèse retrace la carrière de l’outil Admission Post-Bac (APB) utilisé entre 2009 et 2017 pour traiter les vœux des bacheliers candidats à une formation post-baccalauréat. Située au croisement de la sociologie de l’action publique, de l’éducation, de l’enseignement supérieur, des techniques et des controverses, la thèse exploite divers matériaux : entretiens semi-directifs, corpus de presse, archives universitaires, rapports publics, mémoires politiques, supports de présentation d’APB, décisions de justice. La thèse rend compte des dynamiques ayant suscité l’intérêt, la critique et le rejet à l’égard d’APB en analysant les trajectoires empruntées au cours de son existence. Comment analyser la discrète introduction d’APB et sa brusque politisation lorsque la gestion par l’État de l’accès à l’enseignement supérieur est mise en débat ? Comment sa « courte » carrière peut-elle être réinscrite dans les transformations à l’oeuvre au sein de l’institution universitaire ?
Dans un premier temps, la thèse revient sur le parcours de la « sélection » dans les séquences réformatrices de l’enseignement supérieur, entre les années 1960 et 1980, et montre comment, par un processus de verrouillage politique, le « tabou » de la sélection à l’entrée de l’université s’est progressivement solidifié. Dans l’espace laissé vacant par les dispositions de la loi Savary de 1984, le libre accès à l’université s’est rendu propice à l’expérimentation de nouveaux instruments d’organisation des admissions post-baccalauréat. La focalisation de la thèse sur les entreprises balbutiantes d’harmonisation des procédures montre qu’APB trouve ses origines dans l’institutionnalisation de nouveaux savoirs de gouvernement et la diffusion d’une norme coordinatrice auprès des acteurs intéressés. Pour appréhender le fonctionnement d’APB, la thèse se concentre sur la délégation des admissions post-baccalauréat à des modèles algorithmiques venus de la théorie économique, appliqués d’abord à l’univers « sélectif » puis « non-sélectif » de l’enseignement supérieur.
Dans un second temps, la thèse examine les trajectoires empruntées par APB lorsque son cœur algorithmique est mis à l’épreuve par les tensions post-baccalauréat : elle interroge les fissurations introduites dans sa capacité d’agrégation malgré des possibilités d’ajustement entretenues par ses « propriétaires » au sein du ministère de l’Enseignement supérieur. L’analyse du « moment APB » que la thèse prend pour objet se clôture par un processus de mise en politique au cours duquel la condamnation du gouvernement algorithmique des admissions post-baccalauréat se mêle à une réouverture des « possibles » en matière de sélection à l’université.
Parcours académique
Parcours professionnel
- 2024 : Post-doctorante, « Handicap et Représentation Politique », Observatoire Handéo
- 2021-2022 : ATER, Université Paris I Panthéon Sorbonne
- 2020-2021 : ATER, Université Paris Dauphine/PSL
- 2017-2020 : Doctorante contractuelle avec mission d’enseignement, Université Paris I Panthéon Sorbonne
Formation
- 2017-2023 : Doctorante en Science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- 2016-2017 : Master 2 (recherche) Science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne. Mémoire de recherche : La mise en administration d’un dispositif d’action publique – Usages, investissements et implications du logiciel Eudonet dans le travail d’instruction des projets déposés au Budget Participatif de Paris. Direction : Brigitte Gaïti.
- 2015-2016 : Master 2 (professionnel) Ingénierie de la concertation, Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- 2014-2015: Master 1 Science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- 2011-2014 : Licence Droit et Science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne.
Enseignements
État, action publique, politiques publiques
- Institutions administratives et action publique (TD, 126 HETD, L2 Double licence)
- Sociologie de l’État (TD, 72 HETD, L2 Double licence)
- Construction des problèmes publics (CM, 18 HETD, M1)
- Transformations de l’action publique (CM, 18 HETD, M1)
- Politiques sociales (CM, 18 HETD, L3)
Sociologie politique
- Sociologie des comportements politiques (TD, 54 HETD, L1)
Sociologie générale
- Transformations des sociétés contemporaines (TD, 18 HETD, L3)
Animation de la recherche
Évènements scientifiques
- Présentation et discussion de l’ouvrage de Marine Bourgeois (en présence de l’auteure), Tris et sélections des populations dans le logement social. Une ethnographie comparée de trois villes françaises, avec Bérangère Rocalve (Paris I, CESSP), dans le cadre séminaire général de l’École Doctorale de Science politique de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, le 10 mai 2021.
- Organisation du colloque, « Que veut dire autonomie aujourd’hui ? » Genèse et usages d’une catégorie d’action publique, avec Evélia Mayenga, Morgane Hauguel, Clément Lescloupé, Thomas Lépinay, Pierre Mayance, Guillaume Petit et Bérangère Rocalve (Paris I, CESSP). Colloque soutenu par le CESSP et l’École Doctorale de Science politique de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, organisé à Paris les 18 et 19 juin 2018. [Site internet du colloque]
Recherches collectives
- 2024 : Participation au sein de l’Observatoire Handéo à l’enquête HandiPPolitique sur la participation politique des personnes en situation de handicap : réalisation d’observations et d’entretiens auprès de citoyens, élus et candidats à des fonctions politiques (à l’échelle locale et nationale).
- 2024 : Participation au sein du CESSP à l’enquête collective sur les transformations de l’accès aux études supérieures depuis l’adoption de la loi ORE et de Parcoursup : réalisation d’entretiens auprès de professionnels de l’orientation (psychologues de l’Éducation nationale et coachs scolaires).
- 2020 : Participation au sein du pôle « électorats » du CREMI (Collectif de Recherche sur les Elections Municipales et Intercommunales) à l’enquête nationale sur les élections municipales de 2020 : réalisation d’entretiens avec des habitants du 18ème arrondissement de Paris.
Publications
Articles dans des revues à comités de lecture
- « Réduire l’incertitude des algorithmes. Les effets sociaux du fonctionnement de la plateforme Admission Post-Bac sur l’offre d’orientation scolaire », Questions de communication, vol. 40, no. 2, 2021, pp. 71-90. [Lien Cairn]
Recensions d’ouvrage
- [À paraître] – Pour le no. 154 de la Revue des politiques sociales et familiales : Bellon, Anne. L’État et la toile. Des politiques de l’internet à la numérisation de l’action publique. Éditions du Croquant, coll. « Action publique », 2023, 319 p.
Communications
Colloques
- Une transformation controversée. Analyse d’un cas de mise en politique de l’accès à l’université à l’occasion de la transition entre APB et Parcoursup (2016-2018). Communication présentée à l’Université de Poitiers dans le cadre du colloque du Réseau d’études sur l’enseignement supérieur (RESUP), organisé les 15, 16 et 17 octobre 2024.
Séminaires et journées d’étude
- L’accès à l’université entre discrétion et mise en politique. Retour sur la trajectoire du dispositif APB (2009-2017). Communication présentée dans le cadre du séminaire « Enseignement supérieur et recherche » du Centre de sociologie des organisations (CSO), 2024.
- Jeux de coordination autour du « tabou » de la sélection. Histoire et contournement du libre accès à l’université de la loi Savary de 1984. Communication présentée à l’Université Paris Est Créteil dans le cadre des journées doctoriales du Réseau d’études sur l’enseignement supérieur (RESUP), organisées les 3 et 4 juin 2024.
- Réduire l’incertitude des algorithmes. Les effets sociaux du fonctionnement de la plateforme Admission Post-Bac sur le travail des professionnels de l’orientation. Communication présentée à l’UTC Paris dans le cadre de la journée d’études « Plateformes et plateformisation au regard des SIC. Approches, concepts, perspectives », soutenue par l’équipe de recherche EPIN (Etudes des pratiques interactives du numérique) et le laboratoire COSTECH (Connaissance, Organisation, Systèmes Techniques), organisée le 18 juin 2020.
- Les modes d’existence d’un instrument d’affectation de la population bachelière. Une lecture en miroir de l’histoire sociotechnique et de la mise en politique de la plateforme Admission Post-Bac. Communication présentée à l’Université Paris Dauphine/PSL dans le cadre des journées d’études « La sélection dans l’enseignement supérieur : des dispositifs aux pratiques » soutenues par les RT 4 « Education et Formation », RT 36 « Formation Certification Qualification », RT 42 « Sociologie des élites » de l’AFS (Association Française de Sociologie), organisées les 7 et 8 février 2019. [Site internet des JE]
- Le dispositif Admission Post-Bac, une procédure de mise en administration de la population bachelière entre réponse politique et innovation technologique. Communication présentée à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne dans le cadre du séminaire de l’École Doctorale de Science Politique de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, organisé le 31 mai 2018.