Projet récent
2017-2018 : Quand le plaisir et la joie rencontrent la peur et le deuil. Analyser les suites émotionnelles des attaques terroristes dans des salles de musique
Ce projet a été proposé dans le cadre de l’appel « Public Sentiments » diffusé par Eva Illouz, dans le cadre de sa chaire d’excellence PSL « Emodities –Rethinking Capitalism: How Emotions Became Commodities ». L’enquête compare les effets économiques et politiques des émotions suscitées par les attentats survenus dans les salles de concert en France, au Royaume-Uni et en Turquie. Les dimensions politiques de l’expression d’une « effervescence » émotionnelle y sont interrogées. Des entretiens sont réalisés avec les représentant·e·s des pouvoirs publics, les acteurs des secteurs de l’entertainment et de la musique, les compagnies privées investies dans la sécurité de ces lieux culturels. L’analyse sociologique des conséquences de ces attentats éclaire les transformations économiques et politiques des mondes du spectacle et le cadrage croissant par les pouvoirs publics des politiques urbaines, mais aussi culturelles, à travers l’enjeu sécuritaire.
Thèse
Mettre la ville en musique (Paris-Berlin). Quand territoires musicaux, urbains et professionnels évoluent de concert
- Soutenance à l’EHESS le 27 juin 2017, en présence de : Andy BENNETT (Professeur de sociologie, Griffith University, Australie) ; Philippe COULANGEON, rapporteur (Directeur de recherche CNRS, Observatoire sociologique du changement) ; Stéphane DORIN (Professeur de sociologie, Université de Limoges) ; Pascale LABORIER (Professeure de science politique, Université Paris Nanterre) ; Gisèle SAPIRO, directrice de thèse (Directrice de recherche CNRS, Centre européen de sociologie et de science politique) ; Sylvie TISSOT, rapportrice (Professeure de science politique à l’Université Paris Vincennes-Saint-Denis)
Résumé
Cette thèse de sociologie porte sur les salles de musique dite « vivante », en s’appuyant sur une comparaison entre Paris et Berlin. L’étude des salles de musique rend compte de la production des définitions et des hiérarchies sociales des territoires musicaux, urbains et professionnels. À la diversité des genres musicaux qui y sont programmés répond la variété des manières de les entendre : publics assis ou debout, configurations intimistes ou stades, etc. L’articulation entre approche ethnographique et analyse statistique témoigne du lien entre esthétiques et usages sociaux de la musique. Ces territoires musicaux, constitués par les cadres d’écoute et les esthétiques, sont inégalement reconnus par les politiques culturelles et ne recoupent pas strictement les frontières des genres. Par ailleurs, les sous-champs musicaux dans les deux villes sont structurés par des logiques spatiales, ce qu’éclaire la cartographie des lieux de musique. Et, si la localisation des salles influe sur leur qualification musicale, à l’inverse, le fait musical participe aux transformations des représentations des territoires urbains.
Outre l’ancrage géographique, cette thèse s’intéresse de près à la construction d’une offre musicale à travers la sélection des artistes par les programmateurs et programmatrices des salles berlinoises et parisiennes. Ainsi, elle donne à voir la délimitation de la fonction de programmation comme territoire professionnel, en interrogeant sa variabilité selon l’histoire du sous-champ musical et les contraintes liées à la concentration économique du secteur de la musique live. Une série d’entretiens avec les programmateurs et programmatrices a permis la comparaison des pratiques et des trajectoires de ces intermédiaires. Celle-ci atteste d’un développement professionnel inégal à Paris et Berlin et d’usages distincts du désintéressement dans une activité de programmation internationalisée. Les intermédiaires, comme les politiques culturelles, participent aux oppositions au sein du sous-champ des salles de musique, qui reflètent les centres et les périphéries du champ musical transnational. En effet, selon leur position dans le sous-champ et leurs ressources, les salles ne programment pas les mêmes catégories d’artistes. Ainsi, la retraduction locale de la valeur musicale contribue ainsi au positionnement de Paris et de Berlin comme capitales culturelles.
Publications
Articles parus dans des revues à comité de lecture (EN/FR)
- Myrtille Picaud, « Définitions concurrentes et caractéristiques « du public » du festival littéraire de Manosque », ¿ Interrogations ?, juin 2017, disponible en ligne : http://www.revue-interrogations.org/Definitions-concurrentes-et
- Myrtille Picaud, « ‘We Try to Have the Best’: How Nationality, Race and Gender Structure Artists’ Circulations in the Paris Jazz Scene », Jazz Research Journal, Vol. 10, n°1-2, 2016, p. 126-152. Disponible sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-01678054
- Myrtille Picaud, « Les salles de musique à Paris : hiérarchies de légitimité et manières d’entendre les genres musicaux », Actes de la recherche en sciences sociales, n°206-207, 2015, p. 68-89.
- Gisèle Sapiro, Myrtille Picaud, Jérôme Pacouret et Hélène Seiler, « L’amour de la littérature : le festival, nouvelle instance de production de la croyance. Le cas des Correspondances de Manosque », Actes de la recherche en sciences sociales, n°206-207, 2015, p. 108-137.
- Gisèle Sapiro, Jérôme Pacouret et Myrtille Picaud, « Transformations des champs de production culturelle à l’ère de la mondialisation », Actes de la recherche en sciences sociales, n°206-207, 2015, p. 4-13.
Chapitres dans des ouvrages collectifs
- Myrtille Picaud, Jérôme Pacouret et Gisèle Sapiro, « Mapping the Public of a Literary Festival with Multiple Correspondence Analysis: the Specificity of Literary Capital », in Jörg Blasius, Frédéric Lebaron, Brigitte Le Roux et Andreas Schmitz (dir.), Investigation of Social Space, Springer, à paraître en 2018 [anglais].
- Myrtille Picaud, « Un rapport « savant » aux musiques contemporaines ? Le rôle des salles de musique », in Caroline Giron-Panel, Solveig Serre et Jean-Claude Yon (dir.), Les publics des scènes musicales, Paris, Classiques Garnier, à paraître en 2018.
- Myrtille Picaud, « L’espace des possibles des musiques classiques à Paris : sociologie des salles et de leurs programmateurs », in Stéphane Dorin (dir.), Déchiffrer les publics de la musique classique, Editions des archives contemporaines, à paraître en 2018, p. 193-205.
- Myrtille Picaud, « Comment analyser les circulations internationales d’artistes ? Le cas des salles de musique à Paris », in Jean-Baptiste Comby (dir.), Enquêter sur l’internationalisation des biens culturels et médiatiques, Presses Universitaires de Rennes, 2017, p. 77-101.
- Myrtille Picaud, « Les écrivain·e·s et la musique : entre stratégies artistiques et stratégies économiques », in Gisèle Sapiro et Cécile Rabot (dir.), Profession ? Écrivain, Paris, Éditions du CNRS, 2017, p. 149-163.
Articles dans une revue sans comité de lecture
- Myrtille Picaud, « Des genres musicaux segmentés dans l’espace musical », La musique dans les théâtres de ville [en ligne], n° 7, Publication d’ARCADI Ile-de-France, mai 2016, p. 26-31.
- Myrtille Picaud, Mathilde Provansal, « Des cheffes orchestrent le travail. Un regard sociomusicologique. Entretien avec Hyacinthe Ravet », Transposition : musique et sciences sociales, n°6, 2015.
Enseignements
- 2016-2018 : Vacataire à l’Université de Seine-Saint-Denis Paris 8 (master 2, Science Politique), l’Université de Bretagne Occidentale (L2 AES), l’Université d’Evry Val d’Essonne (L2 Sociologie) et l’Université de Paris-Ouest Nanterre (M1 et M2 Métiers du Livre)
- 2014-2016 : ATER (mi-temps) à Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- 2012-2014 : Mission d’enseignement à Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Enseignements dispensés en licence et master :
Cours intensif en anglais « Political Science » sur les enjeux liés aux villes globales (M2)
Cours magistraux : « Droit et réglementation de la culture en Europe » (M1) ; « Socio-économie et politique de la culture » (M2)
Travaux dirigés : « Méthodologie de l’enquête : le questionnaire » (L2, enquête collective par questionnaire entre l’Université de Bretagne Occidentale, du Havre, Paris 8 et Paris 10) ; « Sociologie urbaine » (L2) ; « Sociologie du travail » (L3) ; « Sociologie du travail. Introduction à la méthode de l’observation ethnographique » ; « Sociologie des groupes sociaux » (L1) ; Sociologie de la mobilité sociale (L1).
Total heures enseignées : 438 heures équivalent TD
Co-organisation du séminaire « Emodities : comment les émotions sont devenues des marchandises » d’Eva Illouz, avec Noa Berger, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, juin 2018.
Co-animation de l’atelier « Sociologie des espaces de production des biens symboliques » avec Gisèle Sapiro, CESSP (2012-2013).
Co-organisation du séminaire « Les transformation du goût musical », animé par Stéphane Dorin à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris (2011-2012).
Recherche
- 2016-2017 : Direction de la recherche « Les familles dans l’orchestre », sur le projet de démocratisation Démos à la Philharmonie de Paris.
Enquête par questionnaire (N=775) destiné aux familles des enfants qui participent aux orchestres Démos, projet de démocratisation culturelle par la pratique musicale soutenu par la Philharmonie de Paris. Elaboration du protocole d’enquête et rédaction du questionnaire, analyse statistique, rédaction d’un rapport [en cours].
- 2016-2017 : Recherche collective « Musique Debout », avec I. Mayaud (CRESPPA). Enquête Lauréate de l’Appel « « Nuit Debout » et nouvelles formes de mobilisation » de la Fondation Maison des sciences de l’Homme (FMSH).
Logiques de mobilisation et de participation aux pratiques musicales collectives, analyse de la hiérarchisation sociale et médiatique des formes musicales sur la place. Observations ethnographiques, questionnaire en ligne.
- 2015-2016 : Recherche collective « La reconnaissance professionnelle des auteur·e·s », sous la direction de Gisèle Sapiro et Cécile Rabot (CESSP).
Analyse des liens musique-littérature, entretiens, rédaction du rapport pour le MotIF
- 2012-2014 : « Les publics de la musique classique au XXIe siècle » sous la direction de Stéphane Dorin (GRESCO).
Construction collective du questionnaire, organisation de l’enquête, sélection des événements pour passation du questionnaire, analyse, rédaction du rapport.
- 2011-2012 : « Les publics du festival littéraire Les Correspondances de Manosque » sous la direction de Gisèle Sapiro (CESSP).
Réalisation, passation et saisie du questionnaire, exploitation et interprétation des données quantitatives et qualitatives lors de l’enquête sur les publics du festival littéraire, analyses des correspondances multiples et analyses de réseaux, rédaction du rapport.
Sélection de communications
- « “The biggest rule here is that nobody who is involved earns money”: booking in music venues in Paris and Berlin », conférence international e« Working in Music », organisée par Marc Perrenoud (UNIL, Lausanne) et Pierre Bataille (Université Libre de Bruxelles), 12 janvier 2018, Lausanne.
- « Quand la conquête spatiale devient musicale : les usages de la « gentrification » par les intermédiaires de la musique à Berlin » (RT9), « Sociologie des pouvoirs, pouvoirs de la sociologie », Association française de sociologie, 7e Congrès, 4 juillet 2017, Amiens.
- « Sélectionner au nom de quoi ? Le pouvoir des programmateurs et programmatrices et sa remise en question » (RT14), « Sociologie des pouvoirs, pouvoirs de la sociologie », Association française de sociologie, 7e Congrès, 4 juillet 2017, Amiens.
- « Lutter contre le pouvoir capitaliste par ses pratiques de travail : les salles de musique « alternatives » à Berlin » (RT25), « Sociologie des pouvoirs, pouvoirs de la sociologie », Association française de sociologie, 7e Congrès, 6 juillet 2017, Amiens.
- « Des familles dans l’orchestre : approche sociologique du projet Démos », colloque « Pratiques collectives en orchestre et accès à la culture », colloque organisé par la Philharmonie de Paris, 26 juin 2017
- Avec Isabelle Mayaud (CRESPPA), « Musique Debout », intervention au séminaire « Politique des sciences », séance animée par Manuel Cervera-Marzal (CESPRA), EHESS, Paris, 1er décembre 2016.
- « Renforcer l’offre musicale pour lutter contre les inégalités ? L’ouverture de salles de concert dans les quartiers les plus populaires de Paris », 2e Biennale de l’Urbain, RT9 de l’Association Française de Sociologie, 30 septembre 2016, Toulouse.
- « Sortir aux Champs Élysées ou à Bastille ? Ancrage territorial et positionnement des salles de musique à Paris », journée d’étude « Les approches localisées des publics de la culture » organisée par Sébastien Michon, Jérémy Sinigaglia et Pierre-Edouard Weill, SAGE, 22 janvier 2016, Strasbourg.
- « Discourses in the Berlin ‘alternative’ musical field », colloque international « Keep it Simple, Make it Fast. Crossing Boarders of Underground Music Scenes », organisé par Andy Bennett (Griffith University, Australie) et Paula Guerra (Université de Porto, Portugal), 17 juillet 2015, Porto, Portugal.
- « L’espace des possibles des musiques classiques à Paris : sociologie de la programmation », colloque international « La musique classique et ses publics à l’ère numérique », organisé par le Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CESSP) et le Groupe de Recherches et d’études sociologiques du Centre Ouest (GRESCO), 5 février 2015, Paris.
- « Définitions et caractéristiques du « public » au festival de Manosque », colloque international « Public(s), non-public(s) : questions de méthodologie », organisé par l’AJC CREM, Université de Lorraine/Université de Haute-Alsace, 22 mai 2014, Metz.
- « Circulations of jazz in the Parisian musical space », colloque international « Les circulations globales du jazz », organisé par le CESSP, le Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS) et le département de la Recherche et de l’Enseignement du musée du quai Branly, 28 mai 2013, Paris.