« Les transformations du champ administratif européen (2015-2021)
I. Théorie et organisations » , D. Georgakakis dir., Revue française d’administration publique, 2021/4 (n° 180), Institut national du service public Ed., 322 pages
La présidence française de l’Union européenne qui s’ouvre en janvier 2022 intervient après plusieurs années de changements successifs et surtout à un nouveau moment charnière de l’Union européenne. Après le tournant politique et social revendiqué par la Commission Juncker, la Commission von der Leyen affirme sa volonté d’un tournant vert autour d’un green deal européen, avant que la crise du Covid-19 ne soit l’occasion (temporaire ? durable ?) d’une bifurcation politique de taille en incluant notamment un plan de relance sans précédent pour l’UE. Tout pourrait donc conduire à conclure à un changement de paradigme de l’Union européenne. Sous l’effet d’impulsions successives et de chocs externes massifs (incluant une succession de « crises » et la sortie du Royaume-Uni), le « consensus de Bruxelles » céderait la place à un nouveau cycle de relance plus vert, inclusif, et visant une globalisation mieux encadrée et surtout consacrant le retour de l’intervention publique. Les nouveaux mots d’ordre politiques dominants tendraient à le confirmer. Pour n’en prendre qu’un exemple, la formule quasi magique prononcée par l’ancien président de la Banque centrale européenne en 2012 (« Whatever it takes ») a été – bel exemple d’intégration discursive – promptement ressortie dans le contexte de la lutte contre le Covid-19, et ce dans toutes les langues et pour tous les contextes institutionnels, des gouvernements aux institutions européennes ; elle marque une rupture sémantique indéniable avec le « il n’y a pas d’alternative » et la prétention de « réformes structurelles » à « coût zéro » qui ont longtemps dominé les débats…