Les obstacles à la circulation des œuvres de littérature et de sciences humaines à l’ère de la mondialisation

Étude réalisée dans le cadre d’une convention avec le DEPS
sous la direction de Gisèle Sapiro
Centre européen de sociologie et de science politique
Juillet 2011


La traduction est souvent envisagée comme un vecteur d’échange et de circulation des idées. On s’est moins interrogé jusqu’à présent sur ce qui pouvait faire obstacle à ces échanges. Qu’est-ce qui empêche les œuvres de circuler entre les cultures ? L’étude des obstacles à la traduction constitue un terrain d’analyse privilégié de cette question, puisque traduire implique une démarche volontariste de la part des intermédiaires et un investissement généralement supérieur à une publication en langue originale, en temps de travail comme sur le plan financier. Si le facteur économique est toujours mis en avant par les acteurs, il ne constitue qu’un aspect du problème, et masque souvent des obstacles plus profonds, d’ordre culturel.

La présente enquête s’est donné pour objectif d’identifier et d’analyser les différents types d’obstacle à la traduction dans deux domaines, la littérature et les sciences humaines et sociales, en portant une attention particulière au sort des « grandes œuvres ». La question des obstacles renvoie en effet à celle des principes de sélection et des critères de jugement : qu’est-ce qu’une œuvre qui mérite d’être traduite ? Dans quelle mesure la reconnaissance de la « grandeur » d’une œuvre conditionne-t-elle sa traduction ? À l’inverse, on peut se demander dans quelle mesure la traduction participe de la construction de la « grandeur » d’une œuvre.

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