Les 18-19 Janvier 2018 Colloque : Le sociologue en globe-trotter Réceptions et usages de la sociologie d’Yves Dezalay

Centre européen de sociologie et science politique

Université Paris 1 – Ehess
Amphithéatre Saint-Barbe
4 Rue Valette, 75005 Paris

[Programme]

Présentation du colloque

De quoi sont faits les processus d’internationalisation et en quoi permettent-ils de rendre compte des transformations du pouvoir d’Etat ? Au fil de nombreuses enquêtes et de milliers d’entretiens conduits depuis les années 1980, Yves Dezalay -seul ou accompagné de son acolyte de toujours, Bryant Garth- n’a pas cessé d’explorer cette question de recherche. Situés résolument hors des sentiers battus, évitant de s’enfermer dans la bibliographie et les questionnements d’une seule discipline (sociologie des élites, relations internationales, sociologie du droit, sociologie de l’Etat, etc.), voire même d’une seule école, ses travaux forment aujourd’hui une œuvre aussi originale qu’incontournable pour qui entend étudier, en sciences sociales, ce que « l’internationalisation » fait aux champs du pouvoir, à leurs élites et aux formes de la légitimité qui y ont cours. Indice de sa fécondité, la sociologie d’Yves Dezalay est aujourd’hui mobilisée sur des terrains très différents et intéresse une grande diversité de sous-champs disciplinaires (area studies, études post-coloniales, études européennes, sociologie des élites, travaux sur l’américanisation, politique des droits de l’homme, philanthropie, etc.).

Sociologue globe-trotter ayant décrypté au fil de ses ouvrages –depuis les Marchands de droit jusqu’au plus récent Asian legal revivals en passant par Dealing in Virtue ou La mondialisation des guerres de palais- les champs du pouvoir de plusieurs continents, Yves Dezalay a mis sur le métier international les concepts clés de la sociologie des champs de Pierre Bourdieu, pour en éprouver la fécondité mais aussi certaines limites. Ce faisant, il a forgé une théorie générale des formes de construction et de légitimation du pouvoir d’Etat étroitement encastrée dans les stratégies de reproduction (sociale, familiale et professionnelle) des élites nationales, les recompositions continues des savoirs d’Etat, et les relations de concurrence et de complémentarité qui structurent le champ du pouvoir américain (entre public interest lawyers et Chicago boys, droits de l’homme et droit des affaires, etc.). Des héritiers de la culture juridique européenne aux comptoirs off-shore de l’hégémonie américaine, en passant par les courtiers multipositionnés de l’international, il a ainsi construit une boite à outils extrêmement riche pour ceux qui s’essaient aujourd’hui à l’enquête globale. Alors qu’Yves Dezalay poursuit aujourd’hui ses travaux sur le terrain des transformations de l’éducation des élites juridiques, il a paru utile de faire le point sur les acquis, les usages possibles, et peut-être certaines apories. Dans le sillage d’entretiens récents (notamment Cultures et conflits, 2015) et du travail collectif effectué au CESSP autour de l’enquête globale (Guide de l’enquête globale en sciences sociales, 2015), les deux journées de ce colloque seront donc l’occasion d’échanger, à partir de travaux doctoraux ou post-doctoraux en cours. Il ne s’agit pas de réunir ici tous ceux qui ont croisé la route d’Yves Dezalay, ils seraient bien trop nombreux… mais de réfléchir sur le mode du workshop à la fécondité de ses hypothèses sur les processus d’internationalisation, aux conditions de leur transposition sur de nouveaux terrains d’enquête, aux éventuels « trous » qu’elles permettent de faire apparaître dans notre connaissance des champs de l’international.