Denia Chebli soutiendra sa thèse de doctorat en science politique, intitulée « "Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de révolution". Itinéraire du Mouvement national de libération de l’Azawad dans la guerre au Mali », le vendredi 10 décembre à 14h, en salle B108 au 21 rue Broca, 75005 Paris.
Jury
- Johanna Siméant-Germanos, professeure des universités, ENS (directrice)
- Sandrine Lefranc, directrice de recherche, CNRS (rapportrice)
- Gregory Mann, professeur à Columbia University (rapporteur)
- Pierre Boilley, professeur des universités, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Gilles Dorronsoro, professeur des universités, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Koen Vlassenroot, professeur à Ghent University
Résumé
En 2012, le MNLA déclenche la guerre au Mali au nom de l’indépendance de l’Azawad. En 2021, alors qu’un accord de paix a été signé et que de nombreuses forces armées internationales sont présentes sur le terrain, l’OCDE comptabilise plus de 81 groupes armés actifs sur le territoire. Le conflit armé est ainsi régulièrement décrit comme une impasse qui tiendrait notamment au comportement des belligérants qui s’allieraient et se diviseraient de manière inexplicable. Comment des individus et des groupes qui prennent des risques en s’engageant dans une guerre peuvent-ils apparaître si versatiles dans la durée ? À rebours des paradigmes économistes et culturalistes récurrents qui alimentent la vision d’un conflit illisible, cette thèse propose une sociologie des affiliations et des scissions, attentive au vécu des acteurs et aux différentes contraintes dans lesquelles ils sont pris. En retraçant l’itinéraire du MNLA, de la mobilisation à sa fragmentation, ce travail analyse l’intrication des registres individuels, collectifs, politiques et émotionnels, ainsi que la façon dont les déterminations internationales pèsent sur les modalités de la contestation politique. La thèse reconstitue ainsi l’univers des possibles des individus dans la guerre en prenant en considération à la fois les effets de l’ancrage social des mouvements et la manière dont les organisations internationales impliquées dans la gestion du conflit créent des incitations à la fragmentation. La démonstration s’appuie sur une enquête de terrain de dix mois conduite entre 2012 et 2018 au Mali, en Mauritanie, au Niger, en Algérie et au Maroc.