MITSUSHIMA Nagisa

Thèse
Élites reconnues d’utilité publique : philanthropie réformatrice et revendications capacitaires autour de la réforme pénale (1815-1851).

Directeur : Yves Deloye

Thèse soutenue le 19 décembre 2014, Mention très honorable, avec les félicitations du jury à l’unanimité.

Le jury était composé de : Jean-Claude Caron (Université Clermont II, IHMC-ENS), Yves Déloye (IEP de Bordeaux, CED, directeur de thèse), Brigitte Gaïti (Université Paris I, CRPS), Martine Kaluszynski (CNRS, Pacte, rapporteuse), Renaud Payre (IEP de Lyon, Triangle-ENS), Christian Topalov (CNRS, CMH-EHESS-ENS, rapporteur).


Résumé de la thèse

La philanthropie, traditionnellement étudiée du point de vue des configurations de l’action publique, comme politique sociale privatisée, est ici réinscrite dans une sociohistoire des formes de l’action collective, comme pratique politique élitaire. La recherche, qui repose sur l’exploitation de sources documentaires, d’archives publiques et privées (associatives, personnelles), est consacrée aux entrepreneurs de la cause philanthropique et aux groupes élitaires qui investissent cette offre d’engagement sous les monarchies censitaires. À partir d’une analyse de carrières des 320 personnes engagées en philanthropie pénale et d’un travail d’ethnographie historique mené sur chaque groupe investi (aristocrates, patrons, femmes, économistes), la thèse revient sur l’explication classique de l’engagement philanthropique comme instrument de légitimation sociale en pointant sa dimension proprement politique. Elle montre comment la philanthropie est devenue, dans le contexte d’émergence de la politique électorale, le mode d’action politique privilégié d’une frange de l’élite dirigeante. Phénomène propre à la modernité électorale, la philanthropie est la pratique contestataire d’une élite qui refuse de voir l’ordre politique se rétracter aux institutions électorales et revendique, au nom de sa compétence, sa capacité à gouverner - avec ou sans mandat. La thèse entend contribuer à la compréhension du processus d’autonomisation politique, en pointant le rôle de ces dissidents de la représentation dans l’émergence précoce de rôles politiques fondés sur la compétence, et aux débats sur la transformation des répertoires d’action, le militantisme élitaire et la politisation informelle.


Mots-clés

  • Philanthropie, réforme sociale ; politique informelle, politisation patronale ; élites capacitaires, économistes, patrons

Thèse et mémoires

  • « Élites reconnues d’utilité publique : philanthropie réformatrice et revendications capacitaires autour de la réforme pénale (1815-1851) », 1313 p., 2014, Thèse de science politique, Université Paris I, s.d. de M. Yves Déloye, Mention très honorable avec les félicitations du jury à l’unanimité.
  • * « Le mouvement réformateur ‘Pour l’enfance coupable’. Sociologie historique des sciences et pratiques de gouvernement de l’enfance délinquante (1890-1943) », première recherche doctorale.
  • « La nébuleuse réformatrice ‘Pour l’enfance coupable’. Contribution à une sociologie historique des savoirs criminologiques et psychiatriques dans l’entre-deux-guerres », 403 p, 2004, Mémoire de l’Université Paris I, s.d. de M. Yves Déloye, Mention très bien.
  • « La société des forçats au bagne de Toulon. Permanences et échecs des anciennes conceptions pénales, 1748-1873 », 400 p., Mémoire de l’IEP d’Aix-en-Provence, s.d. de M. Hubert Gerbeau, Mention très bien, Prix du mémoire de recherche.

Publications

Recensions

  • Avec Sylvain Antichan. « François Buton et Nicolas Mariot, Pratiques et méthodes de la sociohistoire, PUF, 2009 », Politix, n°95 (3), 2011.
  • « Jean-Claude Caron, Annie Stora-Lamarre et Jean-Jacques Yvorel, dir., Les âmes mal nées. Jeunesse et délinquance urbaine en France et en Europe, PUFC, Besançon, 2008 », recension, RFSP n°60 (1), 2010.
  • « Approche socio-historique du bagne de Toulon », Jean Benoist et Jacques Weber, dir., Peuplement et société des îles à sucre, Université Aix-Marseille III et Université de Nantes, 2003.

Congrès, colloques, journées d’études et séminaires

Réseaux réformateurs, politique pénale et sciences de gouvernement

  • « La politique ailleurs et autrement : le ‘parti philanthropique’ sous les monarchies censitaires », séminaire La nébuleuse réformatrice et ses réseaux (XIXe-XXe siècle), organisé par Christian Topalov, discutante Isabelle Backouche, EHESS, Paris, 27 mars 2015.
  • « Désétatiser l’action publique : Réseaux de réforme sociale et milieux d’action », avec Alexandre Lambelet, 11e congrès de l’AFSP - ST 26 Agir par réseaux. Les réseaux en science politique, organisé par Anouk Flamant et Renaud Payre, discutant Vincent Dubois, IEP de Strasbourg, 31 août-2 septembre 2011.
  • « Les réseaux des politiques de protection de l’enfance, 1890-1945 », séminaire Sciences de gouvernement, organisé par Emmanuel Taïeb, Olivier Ihl et Raoul Magni-Berton, IEP de Grenoble, 11 mars 2011.
  • « Une expertise en action. L’expertise criminologique au sein de la revue Pour l’enfance coupable, 1935-1942 », 2e école thématique CNRS/PACTE/LATTS/EPFL, Les nouvelles controverses de l’action publique. L’expertise en société, organisée par David Guéranger, discutant Alain Faure, École nationale des ponts et chaussées, 25-26 septembre 2008.
  • « Les sciences de l’enfant délinquant comme sciences pratiques », 3e congrès de la Société française d’histoire des sciences et techniques, Les sciences pratiques entre sciences exactes et sciences de l’homme, session organisée par Nathalie Richard et François Vatin, EHESS-ENS, Paris, 4-6 septembre 2008.
  • « Des savoirs et des pratiques pour gouverner l’enfance délinquante, 1890-1945 », séminaire de recherche, animé par Yves Déloye, Université Paris I, 2007.
  • « Magistrats de cœur et hommes de science. Genèse des compétences des juges pour enfants, première moitié du XXe siècle », Colloque Les mobilisations collectives et les dispositifs de sensibilisation, CSPC, organisé par Christophe Traïni et Gwenola Le Naour, discutante Hélène Buisson-Frenet, IEP d’Aix-en-Provence, 20-21 octobre 2006.
  • « Des juristes en réforme. Raisons d’agir, espaces et dynamiques du militantisme juridique en faveur d’une justice des mineurs, première moitié du XXe siècle », 2e congrès de l’AFS, RTF 13 Sociologie du droit et de la justice, organisé par Thierry Delpeuch et Liora Israël, discutant Jacques Commaille, Bordeaux II, 5-8 septembre 2006.

Evènement, ruptures biographiques, bifurcations collectives

  • « Les institutions de la stupeur. L’événement comme fait institutionnel », co-écrit avec Alexandre Lambelet, Colloque L’événement en religion. Ruptures historiques, constructions biographiques et mobilisations collectives, organisé par Monika Salzbrunn, Laurent Amiotte-Suchet, discutant Alban Bensa, DIHSR, Université de Lausanne, 17-19 octobre 2012.
  • « Les ruptures ou la distorsion des temps et des échelles sociologiques », avec Julie Voldoire, 10e congrès de l’AFSP, ST 38 Ruptures biographiques, bifurcations collectives et rapports au politique, IEP de Grenoble, 7-9 septembre 2009.
  • « Discussion de Muriel Darmon, La socialisation, Armand Colin, 2008 », avec Julie Voldoire, Muriel Darmon, Daniel Gaxie, séminaire de l’École doctorale, Université Paris I, 22 juin 2009.

Méthodologie, sociologie historique

  • « Discussion de François Buton et Nicolas Mariot, Pratiques et méthodes de la socio-histoire, PUF, 2009 », avec Sylvain Antichan, François Buton, Nicolas Mariot, Brigitte Gaïti, séminaire de l’Ecole doctorale, Université Paris I, 22 mars 2010.
  • « Archives et sociologie compréhensive : peut-on reconstituer les motivations des acteurs ? Le cas des réformateurs de la protection de l’enfance, 1890-1945 », avec Yves Déloye, Marc-Olivier Déplaude, séminaire Archives, Université Paris I, 2008.

Enseignements

  • 2010-2012 : Chargé d’enseignement, Université Lille III.
  • 2008-2010 : Attaché temporaire d’enseignement et de recherche, IEP de Toulouse.
  • 2005-2008 : Allocataire de recherche, Université Paris I, région île de France.